Des Torgnoles dans la Gueule

Publié le par Scritch

China O'Brien, Robert Clouse, 1990

 

On peut se demander ce qui pousse les gens de chez Seven Sept à sortir ce film et sa suite dans une copie à peine digne d'un VCD compressé comme un César. Ceci dit, on est quand même heureux que soit disponible (c'est inespéré et sûrement pas rentable pour l'éditeur) ce remugle de vidéo-club, pour un prix authentiquement populaire. Certaines choses relèvent du miracle.chinaobrien.jpg

J'ai une immense admiration pour Cynthia Rothrock (qui joue le personnage-titre) et son acolyte Richard Norton, acteurs de quatrième plan sans doute mais qui ont réussi à s'imposer comme de véritables vedettes à Hong-Kong. Si Norton est essentiellement cantonné aux rôles de méchants parce que blanc (sans commentaire), Rothrock a quant à elle, exploit remarquable, obtenu des rôles d'héroïne, notamment aux côtés de Michelle Yeoh dans le très crétin (mais très amusant) Yes Madam de Corey Yuen. En plus de capacités martiales assez époustouflantes, c'est une comédienne qui a du chien, capable d'imposer une présence malgré un petit gabarit. Au contraire, Richard Norton a le charisme d'une endive, mais comme il est très fort en baston et que de toute façon on ne regarde ce genre de films que pour la baston, ça nest pas bien grave. Norton pratique un style de combat très crédible (c'est un ancien bodyguard), sans grand rapport avec les cascades extravagantes à la mode de Hong-Kong. Ce vérisme sec (dans le genre des Van Damme tardifs) était probablement la meilleure manière de faire correspondre l'action au décor.

China O'Brien est en effet une tentative d'internationalisation de Golden Harvest, délocalisée pour l'occasion dans l'Utah - tentative qui n'est pas isolée, la firme aux quatre rectangles s'étant également illustrée sur le marché mondial en co-produisant L'Équipée du Cannonball, le deuxième épisode des Tortues Ninja et bien sûr le classique mineur Opération Dragon, première incursion de Robert Clouse dans le kung-fu. Oui, cette toute petite série B sans budget apparent, c'est une production Golden Harvest, et sans doute faut-il voir dans l'écart entre ce film et les Jackie Chan de la même époque (qui semblent dix fois plus riches) une conséquence des écarts de coûts entre les États-Unis et Hong-Kong. China O'Brien permet au passage de se faire une idée de l'opinion que Raymond Chow et ses collègues ont des américains, qui hormis les héros et leurs proches sont pour la plupart une belle brochette de rednecks teubés.

Ceci dit ce côté bouseux offre au film quelques beautés, permettant à Robert Clouse de montrer un réel talent de documentariste dans les passages les plus typiquement américains, comme la campagne de China O'Brien pour l'élection au poste de shérif, passages qui permettent de constater une fois de plus l'époustouflante cinégénie du Heartland.

Publié dans Tuff Guyz

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