La Rédemption permanente

Publié le par Scritch

Until Death, Simon Fellows, 2007

 

C'est entendu : Van Damme vieillissant veut faire dans le réaliste, le dur et sec. Il faudra faire le deuil du grand écart facial et du mawashi par-dessus la tête pour laisser place à la castagne nerveuse et contenue, passer d'un style ample, qui permettait au geste de se déployer dans toute sa splendeur, à une posture ramassée, repliée sur soi comme pour retenir la rage, ne laissant la beigne surgir que par éclairs. Cette option pas inintéressante bien qu'un tantinet frustrante était déjà explorée par Simon Fellows dans son Second in Command de 2006, film plombé par une réalisation informe et un scénario sans enjeu. Until Death élève sensiblement le niveau sans être génial non plus. Le découpage fonctionne et utilise plutôt bien le décor désormais obligatoire d'usine est-européenne. Quant au scénario, il semblerait qu'il repique beaucoup le Loving You de Johnnie To, film que je n'ai pas vu, mais dont le synopsis est effectivement plus que proche.untildeath.jpg

L'économie restreinte de ce type de production oblige à n'embaucher que des character actors inconnus mais crédibles, gardant le gros du budget pour Jean-Claude et un Stephen Rea inattendu et plutôt rigolo dans le rôle du grand méchant. Le film trouve là un équilibre efficace entre des acteurs qui ne font pas plus que ce qu'on attend d'eux, mais le font très bien, sans que leur application se voie, et Stephen Rea au jeu plus flamboyant, à la limite du cabotinage (mais sans jamais en être), petit plus qui élève sensiblement Until Death au-dessus du niveau du DTV standard. De toute façon, les acteurs, on s'en fout un peu : on est là pour voir Van Damme, qui vieillit comme le bon vin. On est vraiment à mille lieux du karateka charmeur mais encore un peu gauche des années Cannon. Ça a un nom : le travail.

On peut s'interroger sur cette manière qu'à Van Damme de multiplier depuis une décennie les rôles de personnages en quête de rédemption (ici, un flic cramé qui se découvre une bonté d'âme après un séjour dans le coma), comme s'il avait quelque chose à se faire pardonner, mais quoi ? La drogue, les affaires de famille ? Cela ne nous regarde pas. Avoir tourné dans quelques mauvais films (mais pas tant que ça) ? Daniel Auteuil aussi et on n'en fait pas tout un plat. Ou alors : Van Damme se prend pour Jésus et c'est pour nos péchés à nous que le héros du peuple se sacrifie sans cesse. Et ça, c'est quand même une idée dingue.

Publié dans Tuff Guyz

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