Pour les Films mineurs

Publié le par Scritch

Joko invoca Dio... e muri, Antonio Margheriti, 1968

 

Joko, rebaptisé Django à l'export par des distributeurs qui ignorent la honte, apprend que des méchants font la peau à ses anciens acolytes ; saisi d'un mécontentement justifié, il va tous les buter. C'est ce que j'appelle un chouette scénario. Joko est interprété par Richard Harrison. Oublions un instant ses tristes égarements chez Godfrey Ho : voilà un acteur formidable, physiquement magnifique et tout à fait crédible en anti-héros taciturne, dans la lignée de Clint Eastwood et du Mario Girotti davant les clowneries. Le genre de type qui a à peine à plisser les yeux pour que les choses deviennent sérieuses.joko.jpg

Avec Django, la mort est là se situe dans la lignée des premiers Leone,en plus pop, en plus décadent pourrions-nous dire si ce beau mot n'était malheureusement négativement chargé. Margheriti est un petit maître comparé à Leone, son travail n'en est pas moins soigné, avec de beaux cadres tarabiscotés, une emphase baroque et la même manière, mais en moins prononcée, de surdécouper pour créer de la tension par la dilatation temporelle de l'action. Paradoxalement, si Leone est un grand cinéaste, c'est parce qu'il est plus lourd que Margheriti : en faisant durer le plan, il impose son talent au spectateur, presque à l'usure. Et c'est pour ça qu'il faut aussi de petits films comme celui-ci, parce qu'il y en a peu parmi les grands qui ont cet allant, cette vivacité sans arrière pensée, figés qu'ils sont dans leur majesté.

Antonio Margheriti est surtout connu pour ses films fantastiques, et il apporte un peu de cet univers dans le western. Joko comporte plusieurs scènes de nuit, un flash-back de cambriole qu'on aurait pu trouver dans un Fantômas, et un finale dans un grotte qu'on dirait hantée et qui pourrait être l'une de celles de Maciste en Enfer ou de Hercule contre les Vampires. C'est cette touche étrange (plus tard, on systématisera l'emploi du mot crépusculaire), mine de rien la marque d'un auteur, qui couplée à une exécution parfaite fait de ce film une sorte de chef-d'oeuvre mineur.

Publié dans Tuff Guyz

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