Hard Rock Hallelujah

Publié le par Scritch

Dark Floors, Pete Riski, 2008

 

C'est très certainement ce que Don Simpson appelait un high concept movie : un film pensé et interprété par les braves gens de Lordi (Kiss avaient aussi eu le leur en leur temps) ; le genre de chose qu'on a bien envie de voir par perversité amusée - et puis, finalement, on découvre que, loin de la bouffonnerie espérée, c'est un film sérieux et relativement ambitieux que nous vend le groupe, et là, on se dit : pourquoi pas. Certes, Dark Floors est très loin d'être un grand film. Mais c'est un petit film avec pas mal de belles choses dedans.lordi.jpg

Une des raisons pour lesquelles j'aime beaucoup les films d'horreur, c'est que c'est un genre qui réclame de prendre du temps pour construire une ambiance, installer un univers, partant du principe que cet univers s'éloignant du réel n'est pas d'emblée crédible pour le spectateur. Dark Floors a beau, en bonne série B, ne durer que 75 minutes, il n'est pas excessivement trépidant pour autant, parce qu'il sait que la précipitation nuit à l'atmosphère. C'est un film d'exploration, façon Dungeons & Dragons, ou jeux vidéos, les différents étages de l'hôpital dans lequel se déroule l'action étant un peu comme les niveaux successifs d'un Castelvania. Riski filme beaucoup en plans larges et relativement longs, avec de très lents mouvements de caméra pour faire inquiétant, et même si l'on n'est jamais très loin de l'académisme chichiteux, c'est fait avec beaucoup de soin, une forme de beauté froide un peu factice.

Certes ça n'évite pas les clichés du film de couloirs avec éclairages fluos dysfonctionnels, pas plus que ceux du huis-clos psychologique, avec forcément un bon père de famille (qu'on suppose veuf ou célibataire, comme si ça devait le rendre plus dévoué ou plus courageux) et un connard de businessman égoïste (qui est en plus, nos amis scientifiques apprécieront, le sceptique de la bande) ; mais enfin, dans un genre aussi codifié et surbalisé que celui-ci, on ne peut pas espérer tous les jours des miracles.

Dark Floors a un moins le mérite de placer la Finlande sur la carte du cinéma mondial, même si le film est tourné en anglais avec des acteurs anglophones, pour l'exportation. Très franchement, le résultat est tout à fait honorable et donne envie de voir autre chose de là-bas. Modestes et raisonnables, les gars de Lordi se contentent d'apparitions, jouant les spectres qui hantent l'hôpital, avec des maquillages semble-t-il plus poussés encore que ceux qu'ils arborent sur scène. Petit bémol toutefois : tout à son désir légitime de faire un film sérieux et crédible, le Lordi crew attend le générique de fin pour pousser la chansonnette. C'est dommage, on aurait bien envoyé une copie à Michel Drucker.

Publié dans Rêveries

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