Fantasmes adolescents

Publié le par Scritch

Fire and Ice, Ralph Bakshi, 1983


Pardonnez-moi d'avance : sur cette notule, mon sens critique va complètement passer à la trappe, Fire and Ice étant le genre de film que j'aime par principe. Il faut dire qu'on trouve au générique, en plus de Bakshi, un scénario de Gerry Conway et Roy Thomas, sur des personnages créés par Frank Frazetta mais dont les visages ovales avec yeux en amandes et nez en pointe doivent aussi beaucoup à John Buscema. Thomas-Frazetta-Buscema : le sang du geek ne fait qu'un tour - CONAN ! Le film de Bakshi profite en effet de la vague howardienne lancée par Thomas chez Marvel et concrétisée au cinéma par le monument viril de Milius un an plus tôt.
Alors évidemment, on reconnaîtra qu'on n'a pas devant les yeux un chef-d'oeuvre, Bakshi n'ayant jamais vraiment eu les moyens financiers de ses ambitions, le trait n'est pas toujours fini, certains dessins font très brouillon, et la rotoscopie se voit par moments un peu trop. Et dès qu'on a droit au grand classique de l'héroïne en petite tenue sauvée par un culturiste torse nu, on comprend qu'aucun cliché du genre ne nous sera épargné. Tant mieux, en fait : parfois, les clichés ont du bon - surtout les clichés howardiens, qui nous épargnent les elfes et les nains. Le scénario simple mais bien mené de Thomas et Conway fonctionne parce qu'il contient respectueusement, sans chercher à les transcender en faisant le malin, toutes les figures imposées du genre. On nage en plein fantasme adolescent : gros muscles / gros seins. Le plaisir régressif qui peut rendre un homme heureux pour une heure et demi n'est pas à rejeter.
Dans son autobiographie mythomane de 1985, L'Enfant du Rock, Philippe Manoeuvre écrit à propos de Heavy Metal : "Certes, tel qu'il était, Metal Hurlant n'avait pas grand-chose à voir avec les chefs-d'oeuvre du septième art. Ce n'était ni Le Cuirassée Potemkine, ni La Soupe aux Choux. Mais c'était déjà le cinéma des années 80. Ce mouvement trash et jouissif porté à son sommet par Spielberg et compagnie. Métal Hurlant était un réjouissant spectacle, un film spontané et bigarré, entièrement destiné au plaisir du moment." Une appréciation qui s'applique également à ce franchement chouette Fire and Ice.

Publié dans Rêveries

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M
Jadore Tygra, je l'ai vu une bonne dizaine de fois et l'édition dvd collector bourrée de bonus est un régal !!! De l'héroic fantasy pure et dure avec un vf d'époque de qualité !!! Un de mes film culte !!! 
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S
<br /> Apparemment, l'édition française reprend celle de chez Lustig, qui est définitivement un brave homme.<br /> <br /> <br />